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Comment un autocrate peut-il demeurer au pouvoir ?

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Les régimes autoritaires existent sous différentes formes. Néanmoins, un objectif est communément recherché : celui de rester au pouvoir, en utilisant toutes sortes de moyens. A ce titre, le concept d’ « authoritarian bargain » (ou « marchandage autocratique »), définissant le contrat social passé entre l’autocrate et son peuple, décrit les mécanismes permettant à l’autocrate de se maintenir au pouvoir.

Le printemps arabe a montré que la volonté de tout un peuple rendait l'idée d'un "marchandage autocratique" inutile
Le printemps arabe a montré que la volonté de tout un peuple rendait l’idée d’un « marchandage autocratique » inutile

Une autocratie se maintient la plupart du temps à travers la répression, même si ses formes et son ampleur varient très souvent. L’existence d’un socle stabilisateur est également très importante, car l’autocrate se doit de disposer d’alliés suffisamment importants et puissants pour « légaliser » cette répression et demeurer au pouvoir. Contrairement au démocrate, l’autocrate, pour rester en place, est jugé sur sa capacité à créer des conditions économiques et sociales favorables pour demeurer populaire au sein de la partie de la population la plus influente.

Pour cela, il établit le plus souvent un modèle de contrat social avec son peuple, plus connu sous le nom d’ « authoritarian bargain », dans lequel la population assume la perte de libertés fondamentales au profit d’un progrès économique. Il est clair qu’un tel contrat devient éminemment périlleux si un choc économique survient. Dans ce cas, l’autocrate, théoriquement, accorde plus de libertés à ses citoyens ou, bien au contraire, accroit la répression. Mais dans le cas d’une accentuation de la pression politique, l’autocrate n’a, en retour, que le choix d’accentuer les avantages économiques pour son peuple, ce qui a pu être le cas au tout début du printemps arabe. A travers ces initiatives, un véritable cycle politique se crée, alternant libéralisation et répression, en fonction de la situation économique.

Ce modèle fortement théorique a été analysé dans la pratique dans une étude réalisée par Raj Desai, en 2009. A travers la focalisation sur plusieurs dizaines d’autocraties, les résultats obtenus semblent fidèles aux prévisions théoriques. En effet, l’accroissement des revenus de l’Etat (signalant là un développement économique certain) s’accompagne d’une hausse des dépenses sociales mais d’une réduction des libertés politiques. Au contraire, une hausse de la masse de travailleurs réduit les dépenses sociales mais accroît les libertés fondamentales.

Néanmoins, ce modèle présente quelques limites, largement mises en lumière lors du printemps arabe. En effet, malgré les tentatives désespérées des autocrates au pouvoir (accroissement des avantages économiques voire des libertés politiques), la plupart ont été destitués. A ce titre, l’existence réelle d’un « authoritarian bargain » a été fortement remise en question. L’accroissement ahurissant des inégalités, la prolifération d’une corruption endémique et le rôle des médias sociaux ont rendu le concept caduc et ont mis fin à des décennies de pouvoirs autocratiques sur la Tunisie, la Libye et l’Egypte.

Pour aller plus loin : Desai, Olofsgard et Yousef, The logic of authoritarian bargain, 2009.

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